A tout crin

A tout crin

 

 

(...)                                                                                                             Otic1

Ah tout craint

te croire et se mettre à douter

se désaltérer à la douceur de tes baisers

et pleurer

 

A tout honneur   à tout seigneur

à demain

à l’aube qui dissipe mon chagrin

 

A tout crin

volent les plumes  la soie  et  le lin

bleuit la terre et la mousse meurtrie

écrasée par nos corps  enlacés  attendris

 

Atout cœur

Il est de ces instants porte-bonheur

des rythmes  des rimes alanguies

des sanglots longs lorsque tu es partie

 

Atout prendre

à trop étreindre

                     à tout lâcher

désencorder les maux                        se délester

des rancœurs  des illusions  et  pester

contre le vent et les marées

trop bien réglées

contre les coupes obscures    des bois enchevêtrés

où la biche aux abois fatalement empêtrée....(...)

 

 

(...) A tout crin

         à tout bonheur

                     à tout demain

         atout sans toi

         à tout sans foi

le sang vipérin glace les aurores boréales

         atout maître

à tous les va-nu-pieds courant sur les cendres du désir

à tous les vaut beaucoup qu’un rien exaspère (...)

 

Atout crin

battu en brèche       par les soupirs

dormir tête-bêche   ne plus se souvenir

et couper court       aux ailes du désir

 

A tout crin

perdre sa voix    retrouver son chemin

marcher vers un soleil noir

et demain

dans la grisaille d’un quotidien   chagrin

perles de brume    voile brouillé

du petit matin

adossé au comptoir     senteurs de café noir

emmêlées tressées de croissant chaud (...)

 

(...)                                                                                                             Otic2

A tout crin

à tout vagabond qui se meurt dans un coin

aux artifices des lumignons des guirlandes

                                                                    et demain

sur les feuilles du souvenir

luisante d’une méchante pluie

dissipe les brumes d’antan

 

A tout crin

à tout seigneur   à tout honneur

triste refrain

parmi les chaumes fleurira le regain

sur les pages chiffonnées des colères perdues

scintillent les fluorescences

                                 points lumineux

semés sur les sentes profondes

                                            citadines

plantés là    épouvantail à oiseaux nocturnes

 

Atout crin

         chevaux de bois délaissés des enfants

         cartes à jouer  voilées  grasses  rongées

         lambeaux d’éclats de rire

à toutes écharpes liées aux dernières mimiques

d’un clown devisant pour un parterre floral

un geste grave pour dire

                                 pour dire avant

après s’épanouir

et n’être plus qu’une ombre

un profil

         un soupir

et détester le soir      quand la lune s’éteint (...)

 

 

 

                                                         Régis CABASSON

 

                                          (...) chant tiré de l’in-folio non publié «  A Tout Crin... »  extraits des Otic1 & Otic2