CIEL à 2 voix
Le ciel accroche des lambeaux de brume
à la grisaille du quotidien
Ô mélancolie de ces jours nihilistes
niant l’idée même du beau
la pensée s’effilochant brins de laines non
tissés non tramés sans fard ni devenir
le ciel accroche des perles de brouillard
enivrées de froid
d’un blanc terni par un vieillissement qui
ne demande rien à personne qui
s’enferme autiste dans une réflexion intérieure
où aucun miroir n’ouvre de chemin à l’espérance
le ciel accroche des roses au cercle parfait
orangé émergeant d’un
rideau de paillettes arc-en-ciel
découpant les ramures couturiers sublimes
vibrations lumineuses radieuses
où le diamant de branchages entrelacés de lumière
livre les pages d’un univers féerique immatériel
impalpable
avec le sentiment confus du lendemain
d’un départ
enivré des attraits de l’inconnu
de cette inconnue qui nous étreint
nous enserre
électricité statique à fleur de peau
frissons ouverts sur le possible
à la rencontre d’événements à venir
dans le dédale d’un renouveau
le ciel accroche des culottes de Saint- Pierre
embrasement de couverture neigeuse et de ce bleu
limpide sobre éthéré
et quand le soir descend sur la Saône endormie
les arbres déchiquetés s’entourent d’écharpes de soie
cachent leur froidure dans les manchons vert-
obscurs pigmentés de confettis argentés…
Régis CABASSON
(10/2/1996)